« Celui qui combat peut perdre, mais celui qui refuse le combat a déjà perdu. » Bertolt Brecht
Quelques fois, les rêves deviennent réalité. C’est ce que Claude Bourque, ancien président du CRPF, pourrait affirmer aujourd’hui. Celui qui a contribué à la création du CRPF peut maintenant dire que son ambition de protéger à perpétuité le territoire des falaises de Piedmont, Saint-Hippolyte et Prévost est en cours de réalisation.
Voici le portrait de cet homme amoureux de la nature qui a travaillé sans relâche pour la préserver. Il y a 20 ans, un petit groupe de citoyens étaient inquiets. Le territoire entourant les falaises de Piedmont, Saint-Hippolyte et Prévost était menacé d’être partiellement détruit par des projets immobiliers. Ces six personnes, Jean-Pierre Joubert, Denis Bergeron, Marc-André Morin, Serena D’Agustino, Luc Lefebvre et Claude Bourque ont senti l’urgence d’agir pour protéger cette zone qui abrite des espèces fauniques et floristiques rares et qui est sillonnée de sentiers très prisés par les amateurs de nature.
Le combat commence
Face aux multiples éléments qui menaçaient le riche environnement des falaises, Claude Bourque et ses cinq alliés ont commencé par ameuter la population. En 2003, non seulement les journaux locaux s’intéressent-ils à cet enjeu, mais les médias nationaux aussi. Face au momentum créé par ces sorties médiatiques, ils créent le Comité régional pour la protection des falaises (CRPF) dont la mission sera de protéger un territoire de 16 km2. « On a un rêve, dira Claude Bourque, essayons de le réaliser. »
Ne pas compter ses heures
Claude Bourque a été initié très jeune aux beautés de la nature. Il parcourait les lacs et les forêts des Hautes-Laurentides avec son père. « J’aimais être dans le bois », déclare-t-il. Cet amour du bois l’a poussé à étudier en biologie à l’université et à se spécialiser en écologie végétale. Il a ensuite transmis cette passion pour la nature à ses étudiants à travers ses divers postes d’enseignant, tant au secondaire, au collégial qu’à l’université. Il a même amené certains de ses étudiants en stage d’écologie dans de petits villages du Costa Rica. Selon Claude Bourque, ce petit pays en a beaucoup à nous apprendre en matière de résolution de problèmes environnementaux et de protection de la biodiversité puisque cette république d’Amérique centrale est reconnue mondialement comme championne de la protection de l’environnement. Le Costa Rica protège en effet plus du quart de son territoire. Claude Bourque continue d’ailleurs à sillonner ce pays, douze ans après avoir pris sa retraite.
Inspiré de ses expériences au Costa Rica, fort de son expertise en biologie et appuyé par des citoyens, eux aussi fervents défenseurs de la nature, Claude Bourque a investi une très grande quantité d’heures à la réalisation du projet CRPF. Quand sa femme a appris qu’il comptait continuer à s’investir au CRPF après sa retraite, « elle m’a regardé avec de gros yeux », dit-il en souriant. Elle savait qu’il allait continuer à passer des heures à se préoccuper du sort de l’organisme et des terrains à protéger.
On peine à réaliser le temps que demande la création d’un tel organisme et la poursuite de sa mission. Démarchage auprès des propriétaires, demandes de subventions, inventaires fauniques et floristiques, montages financiers, gestion des aires protégées, sensibilisation de la population… La courbe d’apprentissage a parfois été raide pour les instigateurs de ce projet. Ils ne connaissaient rien de toutes les règles, demandes, requêtes, exigences, interventions, décisions qui président à la gestion d’un tel organisme. « Et il faut beaucoup de patience », affirme Claude Bourque. Et de la patience, il en a eu. L’organisme qu’il a présidé pendant 12 ans a, petit à petit, protégé 24 lots depuis sa fondation, soit un peu plus de 8 km2. Quel sentiment ressent-il quand il voit tout le travail qui a été accompli par le CRPF depuis 20 ans ? « Beaucoup de fierté pour le résultat atteint, de la gratitude pour tous ces gens qui ont cru en ce rêve, cette vision, et qui ont soutenu le CRPF. De la sérénité aussi parce que je suis très content de la qualité des personnes qui continuent à s’investir dans cette cause plus grande que nous-mêmes. »
Et maintenant ?
Claude Bourque a récemment décidé de ne plus siéger au conseil d’administration du CRPF. « Je voulais avoir moins de préoccupations au quotidien. C’était devenu trop prenant. J’avais de la difficulté à laisser le CRPF de côté. Je veux maintenant prendre une distance face à tout ça. » Malgré cela, il compte continuer à travailler au sein du comité Sensibilisation de l’organisme. Il continuera par exemple à participer aux visites dans les écoles primaires de la région dont l’objectif est d’initier les enfants aux beautés de la nature. « Après tout, c’est pour eux qu’on a travaillé », déclare Claude Bourque. Qu’est-ce qui a été pour lui le moment fort de son expérience au CRPF ? « Les rencontres avec ces bénévoles qui, assis autour d’une table, voulaient tous mettre l’épaule à la roue. »
Claude Bourque : un homme qui a mis la conservation au centre de ses préoccupations et qui a su s’allier à d’autres amants de la nature pour réaliser un projet dont la valeur est aujourd’hui inestimable. Les futures générations pourront compter sur son héritage et s’inspirer de ses réalisations pour continuer le travail de préservation des milieux naturels.