Éliane, 11 ans, nous dit que son Bonheur est dans les liens harmonieux. Elle insiste. « Le Bonheur est dans notre famille et dans les rencontres avec nos amis(es) quand tout le monde sait comment bien communiquer. »
Le Bonheur n’existe pas par lui-même
Déjà, à 11 ans, Éliane sait que le Bonheur n’existe pas par lui-même ni pour lui-même. C’est une entité qui n’existe pas sans son artisan, sans son artisane. Éliane ajoute clairement qu’il faut savoir quoi et comment faire pour bâtir notre bonheur.
Q : Tu me parles de liens harmonieux et ta voix vient de casser… J’entends comme une peine…
Éliane : Pour un bout, dernièrement y pas eu de bonheur dans ma famille… C’était lourd. Très lourd. Je voulais m’en aller. Tout oublier. Je trouvais que mes parents avaient des chicanes pas rapport, comme s’ils ne savaient plus comment s’entendre.
Q : Ils l’ont déjà su ?
Éliane : Oui, avant les rénovations, la Covid et les gros stress, tout le monde dans la maison, on savait comment mieux se parler. Y’avait plus d’amour, on dirait.
Q : Dans cette période difficile, qu’est-ce qui a changé dans ta façon de communiquer ?
Éliane : Je n’avais pas le goût de parler. Je ne savais plus quoi dire. Je ne voulais pas rajouter de la peine ou de la frustration à personne. Ma mère avait assez de peine comme ça. Mon père aussi. Tout le monde en avait. J’essayais de ne pas la montrer. On dirait que j’étais figée.
Ma sœur, elle, elle est plus combattive. Elle confrontait mes parents. D’un côté j’aimais ça! C’était comme l’espoir que les choses s’arrangent, mais de l’autre côté, j’avais vraiment peur… Peur que le bonheur de ma famille disparaisse pour toujours! La séparation, ça ne règle pas les chicanes. Au contraire, dans ma classe il y en a beaucoup que les parents se chicanent plus après la séparation qu’avant.
Q : As-tu ressenti de la détresse dans cette période ?
Éliane : Pas vraiment! Je me disais, des chicanes, ça arrive dans toutes les familles. C’est une situation temporaire. Ça ne peut pas marcher la communication parce qu’ici, personne n’a le bon ton, les bons mots. On n’avait pas la bonne attitude pour se comprendre. On était tous fatigués. Fâchés. Frustrés de quelque chose. Non, je n’ai pas ressenti de détresse parce que j’ai toujours eu confiance dans mes parents. Ils sont persévérants et d’habitude, ils cherchent des solutions à tout. Durant cette période triste, j’ai vu mes parents chercher de l’aide. Ils en reçoivent encore. Mon père en a une psy, ma mère aussi. Et nous les enfants on a une psy aussi. Ça aide à garder notre objectif de bien communiquer. Ça aide à savoir quoi faire. Je le vois dans la maison, ensemble, on fait tous des efforts pour se comprendre au lieu de se fâcher ou de faire des reproches.
Q : Que dirais-tu à d’autres enfants aujourd’hui, après ce passage douloureux ?
Éliane : De croire aux choses possibles. De persévérer…
Q : Que dirais-tu aux adultes concernant le bonheur ?
Éliane : De chercher l’harmonie, pas la chicane!
Le bonheur, il est où ? Il est où ?
D’après Éliane, le bonheur se construit et peut se déconstruire. Il est là où ses artisans l’investissent. Dans une famille, il est là où chacun maintient la confiance, l’espoir et met activement en place des changements, de nouveaux comportements efficaces. Entre les lignes, nous comprenons que pour aller vers le bonheur, il nous faut savoir où aller et comment y aller. Pour Éliane et beaucoup d’entre nous, le bonheur est dans l’harmonie, pas la chicane!