Carlos Fernandez présente sa première exposition photo en solo, De mon point de vue, dans la salle multifonctionnelle de la bibliothèque jusqu’au 23 avril. L’expo nous fait découvrir ses portraits d’art, qui oscillent de la culture universelle à la culture mexicaine.
Carlos a été plongé dans l’art sous toutes ses formes depuis son enfance. Le choix des thèmes de ses photographies en témoigne : un ballet, le lac des Cygnes; un opéra, Carmen; la musique, Vivaldi; les symboliques et philosophiques, quatre éléments; un classique de la littérature, Alice au pays des merveilles. Le photographe tient également à faire connaître sa société d’origine. Il présente Frida Kahlo1, la célèbre peintre mexicaine et la Catrina, un personnage fictif de la culture populaire.
Approche structurée
Le travail de photographe de Carlos Fernandez est réfléchi et structuré. Il se déroule en trois étapes : préproduction, production et postproduction.
La préproduction s’étend en général sur une période d’un à trois mois. Réflexion, consultation, période de remue-méninges, concertation, planification, organisation. Carlos travaille avec un groupe de collaborateurs pour chacun de ses projets. Tous ceux et celles qui vont participer à la production sont, dès le début, consultés et associés au processus. « Tout ce qu’on fait part d’une idée. On la travaille ensemble. Par exemple, si je propose noir et qu’une autre personne dit que ce serait peut-être mieux blanc, on discute. Et on le fera gris! Mon idée, son idée, on amalgame les deux », explique Carlos.
La production, toujours en studio, est concentrée sur une journée. Toute l’équipe est à pied d’œuvre dès le matin: modèle, maquilleuse, coiffeuse, et, quelquefois, styliste, couturière, assistant(e). Pendant ce temps, Carlos prépare le scénario, le contexte (background), la mise au point de la lumière et de son appareil. Il peut y avoir un ou plusieurs modèles. Une séance photo prend en moyenne de vingt minutes à une heure.
Il s’occupe ensuite seul de la postproduction. Il utilise le fichier cru (raw)2. Ça lui prend en général quinze minutes pour retoucher un cliché. Mais pour certaines photos de l’exposition, il a investi jusqu’à trois heures.
L’artiste à l’œuvre
L’artiste photographe indique qu’il n’a pas de style particulier. « Je suis en constante évolution, dit-il. Avant la pandémie, j’étais marié au noir et blanc. Puis, j’ai commencé la couleur, ce qui m’a amené à changer d’approche. »
En production, ce qui lui importe avant tout, c’est que ses modèles se sentent bien. Il prend le temps d’établir une bonne communication avec elles. Il veut de l’authentique. « On fait la démarche ensemble, indique-t-il. Les clichés sont un mélange de mes idées et des leurs. » Même dans les photos de fantaisie ou de mode (fashion), il ne sacrifiera pas le modèle à la pose. Il ne lui demandera pas de prendre des postures contorsionnées dans lesquelles elle serait mal à l’aise. « Avec certains modèles, que je connais depuis quatre ans et avec lesquelles j’ai travaillé plusieurs fois, j’arrive à une vraie connexion, très naturelle et, en même temps, intime », indique-t-il.
Carlos n’est pas de ceux qui prennent des centaines et des centaines de clichés même si le format numérique le permet aisément. Il prend normalement entre 50 à 100 photos, certaines en buste, d’autres en plan moyen (medium shot) et d’autres en pied. Ça lui donne l’opportunité de choisir. « Mais je n’en fais pas trop, ça ne sert à rien. J’aime mieux avoir quelques photos bien planifiées et bien corrigées. » Il fait ses manipulations et ses retouches avec Photoshop. Certaines sont manuelles. Par exemple, à partir du graphique de base, il utilise le stylo numérique comme un pinceau, lentement et tout en douceur. Dans une photo de mode, il pourra retoucher les yeux, les lèvres. Dans une photo fantaisiste, il exagérera la coiffure et le maquillage. « Je le fais avec respect, toujours avec l’accord du modèle. » Il désire transmettre un message dans ses clichés. Il souhaite qu’ils dégagent une puissance qui met en valeur, en toute simplicité, l’émotion et le sentiment.
L’art essentiel à la vie
Durant la pandémie, Carlos a demandé aux gens de son entourage quels étaient leurs contacts avec l’art dans leur vie quotidienne. Plusieurs ont répondu qu’ils n’en avaient pas. Mais interrogés sur leurs activités en confinement, ils indiquaient regarder des films, des séries et lire! « De plus en plus de personnes commencent à saisir que l’art est nécessaire à la vie. Est-ce que cette pandémie aura fait comprendre au grand public qu’il a besoin de l’art et de ses artistes et que les artistes ont besoin d’eux ? » Une aspiration utopiste ou visionnaire ? En attendant, Carlos vous invite à une rencontre avec son art.
Site web de l’artiste : https://www.photo2f.ca/fr/accueil
1. Voir l’article : « J’ai la culture mexicaine dans l’âme »
2. Fichier cru: format peu ou non compressé qui conserve les informations originales de la photographie.