— Bonjour, c’est toi, hein ? C’est toi qui as perdu ton mari ?
— Oui… Mon mari est décédé la semaine dernière.
— Veux-tu un biscuit ?
— Non merci. C’est gentil.
— Je veux t’en donner un quand même. Tiens! Ma mère a fait des biscuits. Y sont bons.
Cette merveilleuse histoire se passe quand mon amie Madeleine, qui a effectivement perdu son mari récemment, va commander quelques plats cuisinés chez une voisine près de chez elle. Le jeune garçon de la maison, qu’elle avait vaguement aperçu quelques fois auparavant, s’approche d’elle délicatement, sur le bout des pieds et candidement lui dit :
— Veux-tu un biscuit ?
Autrement dit, je sais ce qui t’arrive. Tu dois être souffrante d’avoir perdu quelqu’un d’important… Moi, aussi, j’aurais de la peine. Tiens. Je veux soulager ton chagrin.
— Veux-tu un biscuit ?… Veux-tu que je t’aide un peu à guérir ?
Comme un câlin, comme une caresse; comme un cadeau du ciel, totalement inattendu, cette petite âme qui lit l’invisible et ose dire…
Plusieurs y verraient un signe de Maurice, son défunt mari, qui avait la même délicatesse au cœur que celle de ce petit garçon. Maurice, lui aussi, se serait approché sous le bout des pieds, sans déranger, juste proposer ce qu’il a de meilleur : une attention, un outil, un ustensile de cuisine qui te manque, une suggestion de fleurs pour ton jardin et toute une journée pour venir les planter…
Merci petit garçon de la voisine! Merci pour mon amie, qui nous raconte, à nous ses amis vieux de 50 années d’amitié, combien ce geste l’a touchée. Combien délicieux ce biscuit du réconfort était bon. Nous avons tous les larmes aux yeux… Nous sommes heureux que la vie soit bonne pour notre amie Madeleine que nous aimons d’amour! Petit garçon inconnu, merci de nous faire autant de bien. Merci pour notre société qui a besoin, immensément besoin, en ces temps de haine et de folie, de ces « nourritures affectives » gratuites qui goûtent l’humain à son meilleur.