L’artiste photographe d’origine mexicaine Carlos Fernandez souhaite faire partager des icônes de sa culture d’origine. Cinq clichés de l’exposition en cours à la bibliothèque font appel à deux célèbres personnages mexicains : la peintre Frida Kahlo et le personnage fictif, la Catrina.
Frida Kahlo
De 1925 à 1954, Frida Kahlo a peint 143 tableaux dont un bon nombre affiche sa souffrance, autant physique que morale. Frida a toujours eu une santé fragile. Elle souffrait de poliomyélite depuis son enfance. Victime d’un accident à l’âge de 18 ans, elle a subi de nombreuses chirurgies et a dû vivre avec d’importantes séquelles. Une de ses vertèbres lombaires a d’ailleurs été fracturée, ce qui l’a obligée à porter des corsets durant neuf mois.
Sous le thème Hommage à Frida, Carlos présente dans cette exposition La colonne brisée et Las dos Fridas V2.0. Deux photographies pour lesquelles un long travail de préparation a été nécessaire. Ces clichés correspondent à l’interprétation du photographe de ces deux toiles de l’artiste peintre. « Frida Kahlo est l’une de nos artistes les plus connues au monde. Je l’admire beaucoup. Ma conjointe Lila Flores est amoureuse de ses toiles. J’ai lui ai parlé de cette idée et elle a voulu collaborer au projet. »
Carlos a commencé par chercher des éléments similaires ou ressemblants à ceux des peintures pour que la référence aux originaux soit bien établie. Puis il y a inséré ses touches personnelles. Par exemple, dans le cliché Las dos Fridas V2.0, il dénude les pieds de ses modèles alors que, dans la peinture, ils sont cachés sous d’amples robes. Il s’agit d’un choix délibéré. Ça lui a permis d’affliger l’une des Fridas d’un pied atrophié. La polio dont a souffert Kahlo l’a, de fait, laissée avec un handicap physique. Par ailleurs, on voit la Frida de droite tenir dans ses mains un petit cadre dans lequel est insérée la copie d’une de ses toiles sur laquelle elle se représente avec Diego Rivera, l’amour de sa vie. Un cameo qui se veut un hommage supplémentaire à cette grande artiste.
Le portrait La colonne brisée a nécessité beaucoup de travail préparatoire : coiffure, maquillage, bodypainting, style vestimentaire, scénographie. Lila Flores, designer graphique et illustratrice, a peint la colonne sur le modèle. Elle est aussi l’auteure de l’arrière-plan qui s’avère un vrai décor peint à l’acrylique. Des retouches délicates ont été nécessaires en postproduction, car chaque clou apparaissant sur le corps du modèle était, au départ, un coton-tige.
La Catrina
Au siècle dernier, José Guadalupe Posada créait une gravure sur zinc représentant le crâne d’une femme qui porte un grand chapeau rehaussé de fleurs et de plumes. Avec le temps, cette illustration de la Catrina est devenue une figure emblématique de la fête des Morts mexicaine. Chaque année, le deux novembre, cette grande célébration commémore les défunts par des parades, des chants, des danses, des carnavals et de grands repas festifs. Les gens se peignent la figure pour personnaliser, chacun à sa façon, cette sommité de la culture populaire mexicaine. El Día de Muertos est d’ailleurs désigné patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO.
Carlos a laissé libre cours à son imagination pour ces photos. Mais il a inséré dans chacune d’elles des chapeaux fleuris. C’est de cette façon qu’il a choisi de respecter la représentation originelle de ce personnage si ancrée dans la tradition. « Ça m’a fait chaud au cœur que des collaborateurs d’autres nationalités aient eu envie de participer au projet », confie Carlos. En fait, tous les spectateurs se sentiront interpellés. La Catrina est évidemment un personnage mexicain national, mais il rejoint aussi un auditoire plus large. Ne souligne-t-on pas l’Halloween le 31 octobre, une tradition moderne toujours bien vivante ?