Au cours du mois de décembre 2021, j’ai pu observer en plein vol un Pygargue à tête blanche1 à un jet de pierres de la rivière du Nord à Saint-Jérôme. Il était beau à voir sur fond de ciel bleu avec son impressionnante envergure qui atteint deux mètres.
De plus, ma belle-sœur, qui est une adepte d’équitation, en a vu jusqu’à quatre dans un boisé de Mirabel à la mi-décembre. Les deux adultes qu’elle a aperçus étaient en présence de jeunes, différents de par leur plumage. D’ailleurs, le jeune pygargue prend de quatre à cinq ans afin de se parer d’une tête et d’une queue complètement blanches. C’est ce plumage que l’on observe chez les adultes. Les oiseaux vus étaient perchés dans un immense pin blanc. Cet oiseau de proie majestueux est devenu l’oiseau emblème des États-Unis en 1782. Il chasse le jour en se nourrissant surtout de poisson mort ou vivant. Il peut aussi voler les proies capturées par des oiseaux piscivores et se rabat occasionnellement sur ce qu’il trouve autour comme des rongeurs, des oiseaux ou des reptiles. À l’état naturel, cet oiseau a une longévité de 28 ans. Il est présent même en hiver au Québec, là où l’eau ne gèle pas.
Le Harfang des neiges
Jetons maintenant un coup d’œil sur un autre représentant des rapaces, mais nocturne cette fois. Ce hibou au plumage parfois blanc immaculé ou bien marqué de rayures foncées est un habitant de la toundra arctique. Il niche dans la portion nord de la toundra québécoise et aussi au nord de l’île Ellesmere. Il est merveilleusement bien adapté au froid mordant de ces régions sans arbres en ayant développé des plumes recouvrant ses pattes. Dans ces contrées inhospitalières, il profite du court été arctique pour nicher. Le nombre d’œufs pondus dépendra de la quantité de nourriture disponible. Pour assurer sa survie, il se fie à la présence du lemming, un rongeur bien présent dans ces régions.
Visiteur chez nous en hiver
La densité de population du Harfang des neiges suit les courbes des populations de lemmings. Certaines années, lorsque le nombre de lemmings est plus faible, un plus grand nombre de harfangs quitteront leur région polaire et descendront dans nos régions pour y passer l’hiver. Nous remarquons depuis bon nombre d’années que les harfangs sont toujours présents dans le sud du Québec en hiver. Certaines années, ils sont simplement plus nombreux chez nous. Même si cet oiseau est naturellement actif la nuit, il a tendance à chasser aussi le jour dans nos régions. Il partira donc à la recherche de rongeurs, campagnols et souris, qui sont légion sur nos terres cultivées. Une hypothèse insinuerait qu’ils sont stressés de trouver leur nourriture en arrivant dans ce territoire hivernal d’où le réflexe d’allonger la période de chasse. Peut-être ont-ils aussi été habitués à chasser sous le soleil de minuit dans leur territoire nordique, ce qui les inciterait à le faire également à la clarté dans notre coin de pays…
Là où la vue porte loin
Ce magnifique oiseau, devenu oiseau emblème du Québec en 1987, s’installera sur un territoire dégagé, souvent sur des terres agricoles, des marais ou à proximité des aéroports. À Mirabel, là où les terres agricoles sont nombreuses et où la vue porte loin, ils sont observés tous les ans. Ils se perchent sur des piquets de clôtures, sur un lampadaire menant à l’autoroute 50 ou bien directement sur la neige! À la fin de décembre, j’en ai observé un sur une structure verticale placée devant l’usine de Bell Hélicoptère de Mirabel! Ces oiseaux aux yeux jaunes peuvent être complètement blancs chez les mâles adultes. En fait, les jeunes ont souvent des rayures sur le plumage et plus l’oiseau prend de l’âge, plus il a tendance à blanchir. À l’état naturel, ils ont une longévité de neuf ans. Ces boules blanches aux plumes si efficaces pour contrer le froid sont de pures merveilles de notre faune québécoise.
1 Le Pygargue à tête blanche est aussi connu par son ancien nom : l’Aigle à tête blanche.